Le delta du Mékong vietnamien

Le delta du Mékong vietnamien

16 janvier

Le réveil sonne tôt ce matin, il est 8h et nous sommes attendus en bas de notre logement Airbnb. Leah, une amie Vietnamienne de la maman de Laurent nous a organisé un voyage de 3 jours dans le delta du Mékong avec sa nièce, accompagnée de son mari, tous deux Vietnamiens et habitant dans les environs d’Ho-Chi-Minh. Wahou, moi qui voulais du local, je suis servie sur un plateau. Le seul “hic” est qu’ils ne parlent pas un mot d’anglais et nous, pas un chouïa de vietnamien, évidemment! Nous découvrons leurs visages le jour J et c’est légèrement embarassés que nous grimpons à bord de notre bolide pour les jours à venir. Les femmes derrière (ça m’arrange), j’essaie de faire connaissance avec “An” et salue “Honk ou Hang” au volant. Prononcer le nom de nos hôtes semble déjà difficile… Bon, pour l’appprentissage du vietnamien, c’est pas gagné!

En route pour quelques centaines de kilomètres avec un CD de pop vietnamienne qui passera en boucle environ 99 fois le long du weekend 😉 autant dire que je connais les morceaux par coeur! On s’amusait même avec Laurent à fredonner le prochain, ce qui ravissait An et Hang, et bien, c’est reparti pour un tour, on remet le CD! Zut…

Nous avions une vague idée de l’itinéraire que nous allions parcourir grâce à l’échange de mails avec Leah qui elle, parle le français. Mais comme nous avons arrangé ça à la dernière minute, nous n’étions sûrs de rien. Nous ne savions pas par où commençait le périple, où nous allions dormir, « nada », alors on s’est laissé guider et nous avons été de surprise en surprise.

En parlant de suprise, la première fut le stop à 9h du matin, au milieu de nulle part, ne sachant pas si nous étions arrivés à destination, s’il fallait descendre ou rester mais grâce aux gestes et à mon grand sens de la déduction (hum), j’ai compris qu’il s’agissait d’un arrêt pipi, tout simplement! En descendant de la voiture, je croise les regards un peu étonnés des gens qui se demandent sans doute ce que fait une blanche dans une voiture de Vietnamiens dans ce bled perdu.

Deuxième stop une heure plus tard, on s’arrête dans un petit café qui sert des soupes de boeuf. Je devine qu’An en commande pour tout le monde et gênée, je n’ose refuser… mais pas Laurent qui ne se voit pas avaler une soupe de boeuf à 10h du matin avec un lait de soja chaud.  Moi non plus ceci dit mais finalement c’était délicieux et An et son mari étaient ravis de me voir engloutir mon lait de soja à toute vitesse. La petite dame qui nous l’a préparé s’installe à nos côtés, nous regarde fixement, échange quelques mots avec An et elles éclatent de rire. Il faut dire que la situation était plutôt cocasse!

 

 

Rassasiés tous les deux (car oui Laurent a finalement succombé aux nouilles du matin), nous rejoignons la voiture garée devant et nous dirigeons vers la prochaine étape. D’après les photos qu’An essaie de me montrer sur son téléphone, je comprends que nous allons visiter un temple mais je n’en suis pas sûre, on dirait Tomorrowland… Après des heures de route, nous atteignons enfin le clou du voyage: un énorme Bouddha doré, haut de plusieurs mètres et riant à pleines dents! La balade se prolonge au coeur d’une multitude de petits temples parsemés le long d’un sentier en bois recouvrant une petite étendue d’eau. Le tout très coloré, ça brille, ça claque…. bref, c’est kitsh à souhait! Et nous sommes forcément les seuls touristes à être là.

Ce n’est peut-être pas notre temple favori mais cela nous a fait sourire! An nous filme, Hang pose avec Laurent devant l’étang et moi devant Bouddha avec An, clic-clac c’est dans la boite!

 

Big Bouddha

 

Des dames préparant à manger pour la communauté

Ça roule encore et encore, déjà la 12efois que le même CD passe en boucle, je crois. J’ai l’impression de pouvoir chanter en vietnamien… mais je ne m’emballe pas trop. Puis, Laurent a la brillante idée d’utiliser « google translate » pour échanger quelques mots, c’est magique, on parvient à se comprendre un peu. On écrit en français ce qu’on veut dire, « google » nous le traduit en vietnamien (écrit) puis on met le son et Madame Google nous le lit à voix haute, de son plus bel accent vietnamien! Le must! Ou pas. Parfois les traductions sont plutôt hasardeuses mais cela nous a valu de beaux fous rire! On apprend qu’ils ont deux fils. Ils aimeraient qu’on rencontre le plus jeune qui vit encore avec eux. Elle nous montre des photos et tentera de nous expliquer qu’ils n’habitent pas à Ho-Chi-Minh mais à quelques heures de là (et pour comprendre ça, il nous a fallu des heures justement, et encore, on en était pas sûrs jusqu’au moment où on a été chez eux!).

On s’arrête plus loin en route dans un petit resto rempli de locaux qui nous dévisagent à nouveau. Une table de quatre qui se parle par langue des signes ou via google translate, c’est assez atypique pour les gens du coin. Y a de quoi attiser la curiosité, c’est sur! Nos hôtes tentent de nous demander ce que nous souhaitons manger cela s’avère compliqué. D’une part, le temps d’échanger par traductions interposées, la serveuse avait déjà perdu patience et d’autre part, il n’y avait pas de carte car on ne servait ici qu’un plat unique: une fondue vietnamienne. Au menu: poisson, poulet et porc fumé qui bouillonnent dans un liquide très goutu et légèrement épicé. Puis du riz et un bon nombre de légumes inconnus mais délicieux. Première fondue pour nous et c’est un régal.

La journée se poursuit avec une balade sur le Mékong en barque. Hang ne nous a pas accompagné, nous nous sommes donc retrouvés à 3 sur le bateau pour une “croisière sur le Mékong”. Je ne sais pas si c’est l’endroit de départ de l’embarcation, l’eau d’un gris déprimant ou le paquet d’immondices aux alentours mais le tout mis ensemble ne nous a pas enchanté et c’est le moins qu’on puisse dire. Un arrêt express dans une petite cabane sur une presqu’île où on fabrique des caramels et autres dérivés de coco, le temps d’un gouter un, d’en acheter (car c’était quand même vachement bon!) et on nous indique le chemin à suivre. L’attrape-touriste en plein! On marche un peu pour rejoindre une calèche avec un misérable cheval, la peau sur les os, qui doit nous tirer sur quelques centaines de mètres. Je n’avais aucune envie de monter, mais pas vraiment le choix… tout ça pour nous emmener dans un petit cabanon sinistre avec une chanteuse lyrique à la voix tonitruante qui ferait presque danser le python coincé dans sa cage. Bref, glauque à souhait! Heureusement qu’on nous a servi du thé et des fruits pour un régiment. On mange en se regardant en chien de faillence, sans trop savoir quoi dire. Vint ensuite le moment phare de l’excursion, la balade en pirogue dans le delta, pirogue manoeuvrée par une dame à pieds nus. Il fait gris et je suis sûre que par ciel bleu j’aurais trouvé cela joli. L’eau reste très sale et si on détourne la tête de quelques mètres on y voit un monticule de détritus. Dommage; ça gâche vraiment le plaisir. Après ces 15 minutes top chrono à naviguer, je pense que le guide est à court d’idées et nous dépose dans un endroit inqualifiable où zonent 4 crocodiles dans une eau d’une puanteur excécrable, les pauvres servant d’appât pour les quelques touristes perdus comme nous. Bref, un traitement animalier que je déplore sur toute la ligne.

 

 

 

Déçus par l’excursion, nous reprenous la route ne sachant toujours pas où nous allons dormir… surprise surprise. C’est finalement à Can Tho, une petite ville de la région, que nous dormirons, dans un hotel réservé au préalable (ou pas) par nos hôtes, impossible à savoir! Il est 20h, un peu tôt pour se mettre au lit, on fera donc une visite express de la ville, sans grand intérêt.

 

17 janvier

Levés avec les poules ce matin, il est 5h et nous sommes en route pour le marché sur le Mékong. Ça, on a compris 😉 Il vaut mieux venir très tôt, parait-il, car après les touristes affluent et c’est l’embouteillage de barques sur le fleuve. C’est parti mon kiki. Nous arrivons le long de l’embarcadère, Hang et An n’ont pas l’air de savoir comment ça se passe. Un homme nous accoste, on dirait qu’il a une barque, allons-y, il est 6h du matin et nous naviguons sur les eaux brunâtres du Mékong. Pas un chat, pas de barque à l’horizon et il fait noir comme dans un sac! Ça s’annonce folklorique… Après 1h à n’y rien comprendre, An et Hang semblent aussi perdus que nous. Ils ne savent que faire pour bien faire et nous offrent du maïs et du lait de soja chaud qu’ils ont attrapé au vol lorsqu’une petite barque a (enfin) fait son apparition.

Le jour se lève et je me dis qu’on va enfin y voir quelque chose mais c’est à ce moment-là que le capitaine du bateau rebrousse chemin pour nous déposer une demi heure plus tard sur une île qui semble abandonnée. Ni An et Hang et encore moins nous-mêmes n’avons compris pourquoi on débarquait là. Il semblerait qu’il y ait un verger à visiter sauf que les gens qui habitent là ont l’air de sortir du lit et surtout, ce n’est pas la saison. Il n’y a rien à voir! Belle arnaque… Bref, après un tour de piste où le pauvre Hang inondera ses chaussures pour attraper un fruit pas mûr, nous réalisons que le bateau est parti sans nous! Youpie! Un bateau-taxi passait “bizarrement” par là et nous a ramené sur la terre ferme. Quelle aventure!

Plus loin, nous faisons une halte dans un endroit qu’il m’est difficile de décrire. Je dirais qu’il s’agissait d’un temple mais il n’en avait pas l’apparence, par contre, à l’intérieur, les dames qui y déambulaient inspiraient tout du spirituel. Elegantes, vêtues de noir, mêches grises relevées en simple chignon, elles incarnaient la sagesse. Elles nous invitent à visiter cet étrange endroit dans un silence qui incite à la méditation, pas de photo, tout ce que nous voyons est sacré, précieux, voire même secret. Après cette découverte, c’est naturellement qu’elles nous offrent thé et gateaux, gingembre confis et autres gourmandises autour d’une table sans échanger un mot, ou presque. Je ne sais pas où on était, ce que le lieu représentait mais on s’y est senti bien, en paix, à la bonne place. Comme un vestige du passé gardé intacte. Ce à quoi on s’attendait peut-être plus en Asie du Sud-Est et qu’on a retrouvé ici, pas hasard.

Pas découragés pour un sous, Hang et An semblent nous proposer une deuxième (voir 3e) balade en bateau sur le Mékong et ce coup-ci, c’est la bonne. Les jeunes qui manoeuvrent la barque passent par des petits coins sympas où nous pouvons voir défiler des maisons sur l’eau et observer les locaux en action! Réconciliés avec cette région mais pas pour autant convaincus d’y revenir, nous terminons notre journée à Vung Tau, la ville de résidence de nos amis. Petite bourgade tranquille, elle aura même été notre coup de coeur du séjour dans la région et on y passera la soirée et la nuit. Nous avons rencontré leur fils, “Than”, charmant, qui vit toujours avec eux. Adorables, ils nous ont demandé ce qu’on avait envie de manger et nous ont emmené dans un resto au bord de l’eau où nous nous sommes régalés de fruits de mer. Après ce bon festin, direction leur maison où nous passerons la nuit. Epique!

 


 

18 janvier

Réveil matinal, nous ne savons pas encore où nous allons aujourd’hui! Il semblerait qu’on commencerait par un petit-déjeuner sur la terrasse d’un café de Vung Tau. Des amis (ou de la famille) se joignent à nous pour le thé. On rigole, on abuse de Google translate et on rigole encore plus! On embarque un neveu dans l’histoire et c’est reparti pour quelques heures de route. Un lunch copieux sur le chemin puis visite d’un très joli parc à la fois espace thermal. Il est possible de prendre des bains de boue ou de barboter dans de l’eau très chaude provenant d’on ne sait trop où mais nous passerons notre tour cette fois-ci. Pour faire plaisir à An, on fera tout de même cuire un oeuf dans ces eaux bouillonnantes naturelles. Elle semble adorer ce genre d’expérience… On se plie donc aux coutumes locales!

C’est ici que s’achève notre aventure avec Hang et An et la prochaine étape pour nous sera la ville de Mui Ne. Malgré les incompréhensions, la région qui ne nous a pas charmée et la difficulté à nous exprimer, j’ai bien apprécié ce séjour avec Hang et An et cela restera un merveilleux souvenir du Vietnam!

 

 

 

2 Replies to “Le delta du Mékong vietnamien”

  1. Ton texte est à nouveau super bien écrit et nous emmène dans vos aventures un peu farfelues cette fois 😀 On a vraiment rigolé en lisant quelques passages 🙂 Maman n’en revient toujours pas des aventuriers que vous êtes… On vous laisse, on est impatientes de lire le suivant, qui nous attend. Gros bisous de nous deux, on vous aime fort.

    1. C’est vrai que parfois c’est toute une aventure, heureusement qui finit bien 😉 mais cela nous fait de beaux souvenirs.
      Bisous à toutes les deux, je vous aime fort.

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