Quand y en a plus, y en a Angkor!

Quand y en a plus, y en a Angkor!

8 janvier

Après un trajet en bus de nuit assez cahotique, nous débarquons à Siem Riep bien déphasés. Vite un tuk-tuk et en route pour la guesthouse resérvée pour les cinq prochains jours. Un peu de repit. C’était sans compter une belle intoxication alimentaire pour bibi. Clouée au lit et pas un seul grain de riz ne passe. La journée et la nuit qui suivit me semblèrent interminables.

9 janvier

A peine remise sur pieds et ne supportant toujours aucune odeur de nourriture, nous nous mettons tout de même en route pour la visite des mythiques temples d’Angkor.

Pour cette première journée, c’est en tuk-tuk et accompagnés de notre chauffeur Kean que nous nous déplacerons. A Siem Riep, “interdiction” de louer un scooter, la mafia du tuk-tuk opère, nous nous sommes donc vus contraints de circuler de cette manière, du moins pour les temples les plus éloignés. Il y a sans doute toujours moyen de détourner un peu cette règle mais nous avons joué la sécurité, préférant ne pas se retrouver coincés sur la route et sans pouvoir poursuivre nos visites.

Le premier temple est l’un des plus éloignés, septante bornes en tuk-tuk, ça chiffre. Mon estomac m’a détesté encore plus de lui imposer ces secousses sans fin mais depuis on a fait la paix, je vous rassure. Ce temple n’est pas vraiment le plus visité mais il restera l’un de nos préférés! Caché dans un coin de verdure, Beng Melea semble avoir été englouti par la végétation, comme si la nature n’en avait que faire et marquait son territoire en l’entourant de ses branches et ses lianes.  Pour le garder auprès d’elle, peut-être.

 

 

Subjuguée par la beauté, la finesse des détails dans la pierre scluptée teintée de vert, les nuances de couleurs et la magie de l’endroit, nous passerons la matinée à l’observer, le photographier, le contourner en évitant de justesse le prochain car de Chinois!

Midi, la chaleur est insoutenable, je ne suis toujours pas dans mon assiette, vertiges et sueurs froides, il est temps qu’on marque une pause.

Nous retrouvons Kean et continuons notre périple par des routes secondaires, non goudronées,  un plaisir pour les yeux. De jolies maisons sur pilotis bordent la route, les femmes font sécher le riz, les enfants jouent à l’abri du soleil. Il y a aussi quelques vaches, tellement maigres que je me demande comment elles peuvent tenir sur leurs pattes.

Prochain stop, un temple en rénovation à côté d’une école où les enfants suivent avec concentration un cours d’anglais.  Même si celui-ci est en partie caché par les travaux en cours, il ne nous laissa pourtant pas indifférents, ni les suivants d’ailleurs. Et ce, pour les deux jours à venir. Nous sommes émerveillés devant ces pierres chargées d’histoire et qui sont l’héritage d’une civilisation forte, celle des Khmers.

 

 

En quelques mots et pour la minute culture, la civilisation Khmère semble dater du VIIe siècle mais les édifices n’étaient pas encore construits en pierre, il faudra attendre le IXe  siècle pour que de réels témoignages de vie nous apparaissent. Le premier roi qui unifia ce royaume installa sa capitale à Angkor. L’ensemble des temples construits à partir de cette époque ont créé un lien très étroit entre la religion et la royauté car l’objectif était d’affirmer son pouvoir.

L’âge d’or d’Angkor dure environ 6 siècles. Plusieurs centaines de temples furent érigés témoignant de la richesse, du raffinement et de la puissance de cette civilisation qui régna sur un territoire couvrant l’ensemble des pays qui composent actuellement l’Asie du Sud-Est.

Pendant ces 6 siècles, certains rois ont marqué leur pouvoir plus que d’autres et c’est à partir de 1113 que le plus beau et le plus grand de tous les temples fut construit: Angkor Vat.

Les raisons du déclin d’Angkor sont incertaines, mais la Cour d’Angkor s’installa finalement à Phnom Penh vers 1431. Abandonnant ainsi Angkor comme capitale, l’empire Khmer était pourtant encore très puissant mais aucun temple ne verra plus le jour. Et un seul ne sera jamais abandonné: Angkor Vat.

Ce n’est qu’au milieu de XIXe siècle que l’opinion internationale commença à réaliser la richesse inestimable que constitue Angkor. Ceci grâce notamment aux travaux d’explorateurs français, qui redouvrirent cette cité enfouie sous la végétation. Depuis, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, ce trésor est désormais préservé.

***Fin de la leçon d’histoire***

 

Nous mitraillons de photos mais surtout prenons notre temps, s’imprégnant de l’endroit et de cette atmosphère si symbolique. On remarque également la présence récurrente de statues en forme de lion devant chaque temple. Elles représentent la protection du temple.

 

 

Lors de notre dernière visite, nous rencontrons un Cambodgien vivant depuis des années en Australie, revenu sur sa terre natale en tant que « touriste ». Il nous raconte avoir fui son pays dans les années 70… sans doute sous la dictature des Khmers rouges…


 

Nous grimpons jusqu’au sommet et nous ne sommes malheureusement pas étonnés d’y trouver des enfants mendiant “one dollar please” à chaque visiteur. Je détourne les yeux un instant, très mal à l’aise, prise par mes émotions. Je voudrais lui donner un peu d’argent mais je sais que c’est un très mauvais service que je lui rends. En lui donnant, je contribue à ce que ses parents ne l’envoient jamais à l’école dans l’espoir qu’il en ramène encore plus. Car, oui, les enfants ne sont que des marionnettes avec qui on joue… et ça marche bien souvent, surtout avec les touristes. Du coup, inconscieusement, le touriste contribue à la déscolarisation des enfants au Cambodge, donc je tiens bon et je dis non.

 

 

Retour à Siemp Riep, c’est l’heure de pointe, ça grouille en ville. Epuisés, ce soir on s’endormira tôt pour attaquer la deuxième journée de visite en pleine forme!

10 janvier

Kean est à l’heure au poste, il nous attend pour une longue journée à rouler sur son tuk-tuk et à nous balader. Sensation plutôt agréable que de se laisser porter et de ne pas chercher son chemin, ni de rouler parmi cet amas de scooters (même si ce n’est jamais moi au guidon).

Le soleil se lève à peine et nous passons devant le temple de Sra Srang pas prévu au programme mais la lumière est tellement belle qu’on y fait une halte. Clic-clac, c’est dans la boite.

 

Le temple suivant fait partie du “Grand circuit” que nous effectuons à l’envers du sens emprunté par la majorité des visiteurs. Du coup, il y beaucoup moins de monde que prévu! Sur certains temples, nous sommes parfois les seuls, ou presque! Un luxe à Angkor!

 

 

Quelques kilomètres plus loin, c’est le Bantei Srei qui se dresse devant nous. Nous l’attaquons par l’arrière et évitons ainsi un débarquement massif de Chinois (encore eux, on va finir par croire que je ne les aime pas) et nous sommes à nouveau presque seuls devant cette beauté. Nous rencontrons un photographe italo-suisse aussi heureux que nous de ne pas y croiser un chat.

 

 

 

Après celui-ci, nous nous engoufrons encore plus loin dans la jungle afin d’atteindre un temple qui n’en est pas vraiment un. Ce sont plutôt des restes de pierres gravées recouvertes par les eaux de la rivière. Une jolie balade permet de partir à leur découverte et nous aura causé également une belle frayeur! Qui dit jungle, dit…araignées! Et quand cette dernière se retrouve sur ma main et que je panique et lui souffle dessus, elle me mort, tiens donc! Mais heureusement, rien de bien grave! Quelques picotements et une sensation de brûlure qui durera une petite heure et on en parle plus.

 

 

 

Une petite soupe aux nouilles négociées dans un resto du coin, et on est complètement retapés! On enchaine avec d’autres temples aussi majestueux les uns que les autres mais il y en a tellement que je ne peux me rappeler de tous les noms. Nous terminons la journée par un superbe couché de soleil sur l’eau encerclant le temple Neak Pean, un plaisir pour les yeux.

 

 

 

 

Puis, notre chauffeur insiste, il y en a encore un qui vaut vraiment la peine et on passe justement devant. Très faciles à convaincre, nous nous laissons porter jusqu’au majestueux Preah Khan. Un rien trop tard, le site ferme bientôt ses portes et nous effectuons une visite express qui nous laissera un goût de trop peu. Le site est immense et mériterait une demi-journée à lui tout seul.

 

Un petit tour par le centre de Siem Riep avec pour fond sonore (en boucle) le fameux “tuk-tuk sir”, une demande de Visa pour le Vietnam, la prochaine destination, un repas vite avalé et nous rentrons enfin nous reposer après cette journée bien remplie.

 

11 janvier

Afin de ne pas enchainer les visites telle une liste de temples à cocher, nous marquons une pause aujourd’hui. Nous louons des vélos et entrainons nos mollets à la journée de demain où nous visiterons le reste des temples en deux roues. Un passage par le marché de Siemp Riep, haut en couleurs, un petit lunch vegan et bio pour deux fois rien dans un endroit hyper relax. En se baladant, on débouche sur des boutiques et marchands de légumes trendy, un vrai contraste avec le reste que peut offrir cette ville. `

 

 

Ce soir, changement de décor, c’est au cirque que nous passerons la soirée. La compagne de cirque Phare est de tradition 100% cambodgienne mais pas seulement. Pour la petite histoire: Phare est une école d’art créée il y a 20 ans par 9 amis rentrant des camps de réfugiés cambodgiens en Thaïlande après la chute des Khmers rouges. Dans leur camp, une bénévole française leur avait fait découvrir la peinture (entre autres); de retour, leur but fut de transmettre cette découverte et d’aider ainsi les jeunes à retrouver confiance en eux à travers le dessin, de les occuper afin de les garder hors de la rue et les aider à s’exprimer par l’art… et ce fut un succès ! A l’école de dessin, s’ajoutèrent rapidement une école publique puis une école de musique, de cirque et d’art graphique. Aujourd’hui Phare accueille 1500 enfants!

Après cette jolie découverte, nous enfourchons nos vélos direction un petit resto recommandé dans les guides et qui, croyez-moi, valait le déplacement. Si bien que nous sommes revenus le lendemain pour remettre le couvert! Le meilleur resto du Cambodge et de loin ! Un régal pour les papilles.

 

12 janvier

Malgré un réveil très difficile à 5h, notre bonne volonté et nos efforts à pédaler à toute vitesse ce matin, nous louperons le lever du soleil sur Angkor Vat, tant mentionné dans tous les blogs et articles sur le sujet. Un peu déçus mais pas totalement abattus, nous nous jurons de mieux nous y prendre la prochaine fois. Et oui, parfois nos délais sont trop courts et nous oublions les imprévus, comme un vélo à moitié à plat et sans vitesses. Bref, on prendra notre petit déj’ à l’arrière d’Angkor Vat, installés dans l’herbe alors que la foule se précipice à l’avant du temple. Y a pire, on vous l’accorde 😉 Une bonne matinée fut nécessaire afin de parcourir cette immensité. De loin, le plus visité et célèbre des temples d’Angkor, il ne figurera pourtant pas dans notre top 3. Peut-être que les multiples clichés trouvés sur le net et entrevus dans les guides ont gaché l’effet de surprise que nous ont provoqué d’autres temples moins connus. Mais nous en garderons un merveilleux souvenir. D’une part, impressionnés par sa grandeur et le poids de son histoire, et d’autre part car nous avons rencontré un compatriote! Installé depuis un moment avec son appareil photo afin d’obtenir LE cliché, nous sympathisons et nous nous rendons compte que nous croiserons sans doute au Vietnam!

 

 

C’est parti pour le petit circuit d’Angkor en vélo ! Sous un soleil de plomb, avec des vélos qui ne sont plus de toute jeunesse et peu d’heures de sommeil dans les pattes, c’est dur. Laurent s’agrippe même à la cargaison d’un tuk-tuk et m’invite à faire de même. Mais quelques mètres plus loin, je lâche déjà le morceau. Nous roulons de vieilles pierres en vieilles pierres et c’est toujours un regard émerveilé que nous posons sur ces vestiges du passé. Certains sont très symétriques, d’autres sont encerclés par les racines des arbres et les lianes comme le Ta Phrom, connu pour le tournage de Tom Raider, d’ailleurs.

 

 

Tous nous éblouissent et nous laissent sans voix. Le fameux Bayon avec ces incalculables visages de Bouddha qui nous scrutent du coin de l’œil. Aucun ne nous a laissé indifférents et aucune photo n’est à la hauteur de ce que nous avons ressenti. Un sentiment d’infiniment grand. Et puis cet incroyable pouvoir qu’ont les hommes à maitriser le travail de la pierre. Mais je retiendrai surtout une chose: c’est toujours la nature qui gagne et nous ne pourrons jamais la dominer. Et c’est très bien comme ça.

 

 

 

 

 

 

8 Replies to “Quand y en a plus, y en a Angkor!”

  1. Quelles magnifiques photos!!
    J’adore tes petits points « histoire », en plus de voyager avec vous, on apprend des choses super intéressantes!
    J’en reviens pas que tu te sois faite piquer par une araignée et que tu ne me l’ai pas dit :O

    Ps: magnifique chanson pour clôturer cet article qui m’a encore bien fait voyager et… Rêver 🙂
    Merci de partager tout ça avec nous ❤

    1. Merci merci merci, c’est aussi pour ça qu’on voyage, pour apprendre, découvrir avec ses propres yeux les récits d’histoire. Et j’aime partager avec ceux qui me lisent. Pour l’araignée, je ne voulais pas que papa l’apprenne et stresse pour rien 😉

  2. Vos histoires sont magnifiques,les photos juste dingue!Merci de nous faire voyager ainsi!Je suis pas très « la »…mais je vous suis à des milliers de km de la…Enjoy les amoureux!Miss u❤️

  3. Maria dit : On était impatients de lire la suite de vos aventures… en plus hermann ne reçoit plus aucune photo.
    Angela dit : »cher laurent et marie, je vous embrasse, que tout se passe bien, et j’espère vous revoir bientôt » (via skype ??? hum hum)

    1. Marie dit: Je sais, j’ai beaucoup de retard dans la rédaction des articles, les vacances ce n’est pas de tout repos 😉
      Laurent dit: pas de wifi = pas de photo, vous me manquez, on essaie un skype ce dimanche de chez Vincent!
      Gros bisous de nous deux à tout le monde!

  4. Coucou ma chérie il est 3h20 du mat et je viens de voir tout ton blogue ,merveilleux commentaire. Je pense souvent à toi , à vous. Soyez prudents et profitez un maximum. Je t’aime ma tite chérie. Gros gros bisous 😘 à vous deux . Et vite la suite …. de tes jolies nouvelles

    1. Quel courage d’avoir tout lu d’un coup 😉 Je pense fort à toi aussi et suis heureuse de te savoir en bonne santé! Ton signe astro n’a qu’a bien se tenir! Je t’aime fort <3

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