$alut Phnom Penh!

$alut Phnom Penh!

Jeudi 28 décembre (soir)

Seuls, nous sommes S.E.U.L.S. à l’aéroport de Chiang Rai pour le vol international à destination de Phnom Penh. Incroyable, gate déserte, sièges vétustes et décolorés, on se croirait dans une salle abondonnée, où personne n’a plus accès. Bon, on s’installe pénards, allongés sur les fauteuils et on se lance un épisode de notre série du moment. Trente secondes plus tard, une gentille hôtesse nous prie de la suivre, ils ferment la gate vu le nombre insignifiant de passagers, c’est-à-dire deux! Epique, on la suit par les portes de secours, l’accès VIP et que sais-je encore, et nous entrons finalement dans la gate principale de ce mini airport où nous attendons notre vol pour la capitale cambodgienne. A peine 1h30 plus tard, nous sommes à Bangkok, il est presque minuit et nous y faisons escale jusqu’à 6h du matin. On dormira sur des sièges semi-confo en mode clodo! Emballés dans nos sacs de couchage, nos pieds se touchent aux extrémités, juste pour être sur que l’autre est bien là, ipod dans les oreilles, et le sac à dos comme oreiller.

On tente un roupillon. 4H30, plus de Laurent, je flippe et à moitié endormie, je me retrouve (ne me demandez pas pourquoi) à me refaire une beauté dans le shop des parfums et produits cosmétiques sans taxes! Pimpante et parfumée, je regagne mon territoire et retrouve Laurent qui dort lui, comme un loire, trois mètres plus loin! 6h, je réveille la bête qui n’a pas dormi tant que ça et nous décollons enfin pour à peine 1h30 de vol à nouveau.

 

Vendredi 29 décembre

Installés dans l’avion et complètement déphasés, une gentille cambodgienne assise à côté de moi me parlera en franglish pendant la durée complète du vol. C’est long quand on a pas dormi. Elle me rappelerait presque quelqu’un…

Phnom Penh, 30 dégrés, un taxi, notre hôtel et bim on s’affale un long moment, déconnectés.

Il est l’heure de sortir et de s’imprégner de cette ville mais avant ça, on a besoin de retirer de l’argent, ce qui n’est pas la chose la plus facile ici. Au Cambodge, il y a deux monnaies: les riel et les dollards, et oui! Suite à la colonisation française, au génocide par les Khmers rouges et l’invasion vietnamienne qui suivit (entre autres), le riel ne valait plus grand chose. Entre 1990 et 1992, le pays a été administré par l’ONU et le taux d’inflation était de 200% alors les Cambodgiens se sont réfugiés dans le dollar afin de sauver leur économie. Et c’est resté comme ça depuis. Conséquence: les prix sont souvent arrondis à 1$ alors qu’1$ vaut 4000 riel ! De plus, tu paies souvent en dollars et on te rend la monnaie en riel, en se gardant un petit pourboire parce que le temps que tu fasses la conversion mentalement, c’est déjà au suivant de payer! Bref, de quoi se donner quelques maux de tête en commençant et se sentir un peu sur tes gardes pour pas te faire rouler (ce que l’on déteste par-dessus tout, même si, au final, l’embrouille ne vaut même pas 0,5€ pour nous, mais c’est le principe, et surtout la valeur de l’argent ici n’est pas comparable à chez nous).

Bon, à part cette parenthèse financière, on est d’emblée étouffés par la chaleur mais surtout par la pollution, les odeurs de poubelles et la poussière qui nous colle à la peau. On prend nos marques dans le quartier où nous logeons, un peu ex-centré mais finalement pas si mal. Laurent nous a encore déniché un hotel extra pour 3x rien et le personnel est adorable. Ça fait du bien après un début un rien hostile.

On se balade à pied vers le centre et la promenade  est agréable pour moi mais moins pour Laurent qui, d’entrée de jeu, n’aime pas cette ville. Un sentiment que je partagerai, en partie, à la fin du séjour. Plus naïve et sans doute moins blasée, j’ai l’avantage de m’émerveiller peut-être un peu plus mais j’ai du me rendre à l’évidence, cette ville me donne le vertige.

Pourquoi? Il existe en fait 2 mondes à Phnom Penh, les très riches et les très pauvres. Et le fossé est énorme! En Thaïlande, on avait l’impression qu’une classe moyenne se profilait entre les pauvres et les plus aisés, mais ici, l’écart qu’on y a observé pendant 3 jours est juste insoutenable. D’un côté les Porshe Cayenne dernier cri, les gardes à la sortie des restos, les starbucks à 4$ le café (prix d’un plat copieux dans un resto modeste), les bars branchés et du chocolat belge à 60€ le kilo! Et puis de l’autre, des femmes qui lavent leurs bébés dans une flaque d’eau ou au tuyau d’arrosage en rue, des mendiants, des gosses aux vêtements souilleux et pieds nus qui te réclament avec des yeux de cocker “one dollar, please” et qui me fendent le coeur en deux! Alors quand le Lonely Planet indique que Phnom Penh est “l’une des capitales les plus plaisantes de cette région du globe, l’un des joyaux de l’Asie”, je me dis qu’on a du louper quelque chose! Intéressante, certes, mais plaisante…

Vieux monsieur à la sortie d’un temple


Ruelle à l’écart de la foule

Côté nourriture, on commence très fort, tellement fort qu’on sera souvent déçus par la suite au Cambodge en général (je vous expliquerai cela plus tard). On tombe par hasard sur le resto coup de coeur du Lonely (sans le savoir!) et on commande la spécialité de la région le amok (poisson cuit dans une feuille de bananier avec une excellente sauce coco) et une délicieuse salade de mangues rapées avec crevettes séchées, miam! & spicy, mais je suis habituée à présent, et j’en redemanderais presque.

En se baladant ensuite, nous aperçecons le monument de l’indépendance, érigé afin de commémorer la fin du protectorat français en 1953, (car oui avant de s’entre-tuer, ils ont été colonisés par les Français…). A côté, un petit parc où trône une statue impressionnante de Norodom Sihanouk, célèbre roi et homme d’état du pays. On s’y allonge un moment, puis reprenons notre route.

Parc à côté du monument de l’Indépendance

Notre première impression quant aux Cambodgiens est qu’ils sourient moins que leurs voisins Thailandais, et semblent plus sur leur garde, mais peut-on leur en vouloir après une histoire si difficile et encore tellement palpable?

 

 

Nos pas nous mènent jusqu’au Quai Sisowath, il longe le fleuve Tonlé Sap et le Mékong, où finalement je parviens à dégoter quelques sourires volés. On se perdra plus loin dans des quartiers vraiment sales et pauvres où il est conseillé d’échanger nos baths (monnaie thailandaise) en dollars à un super taux! C’est qui les rois de la débrouille ici? C’est nous!

Après mille km dans les pattes, on tombe sur un salon de massage où on négocie un prix correct pour une heure de détente absolue et on en ressort complètement remis en place! Un must! Et pour terminer, un petit barbec avec les locaux, le long d’une route, assis sur des chaises pour enfants à pinter avec nos voisins en ne comprenant pas un mot. C’est ça l’aventure 🙂

 

 

Le Quai Sisowath

Bain des enfants dans le Tonlé Sap

 

Samedi 30 décembre

Jour 2 à Phnom Penh et nous avons la merveilleuse idée (ou pas) d’emprunter les vélos de l’hôtel! Sous 30 dégrés, dans une ville polluée, poussièreuse et grouillante de scooters, ce n’était peut-être pas LA meilleure idée du siècle! On dégouline, on évite les obstacles comme on peut et on manque de se taper une insolation! Une pause s’impose et c’est chez le coiffeur que Laurent s’arrête, dans le quartier branché de la capitale, où il sortira avec une coupe aussi trendy que l’endroit. On est tendance ou on ne l’est pas. Et non, je n’ai pas la permission de publier une photo 😉 Mais en vrai, ce n’était pas si terrible!

 

Petite fille sur le marché du BKK

 

Portrait de femme Cambodgienne

 

Enfant de rue

2e étape de la journée: le musée national du Cambodge.  Ravissant ensemble de bâtiments traditionnels khmers construits vers 1910 autour d’un jardin et qui réunit la plus remarquable collection de sculptures khmeres au monde (même certaines, voire la plupart, des statues d’Angkor sont ici dans le but de les protéger).

 

Et puis on continue notre balade vers un temple (Wat Ounalom) qui d’une part, semble complètement abandonné et même squatté  à l‘arrière du batiment et d’autre part, grand ouvert et presque propret où un grand nombre de fidèles endimanchés se réunit pour la prière. A nouveau, un contraste à l’image de cette ville.

 

A l’arrière du temple

 

Face arrière et squat

 

Partie face publique

 

Un petit tour par le fleuve à nouveau parce qu’il y fait bon vivre et on se dirige ensuite vers le Psar Thmei : édifice art déco bâti dans les années 30, avec un dôme immense, devenu aujourd’hui un marché couvert. Bondé de monde, et à nouveau ultra sale, on le verra de loin mais on ne s’y attardera pas. On rentre sur nos petits vélos, à moitié rassurés par le trafic ambiant, c’est l’heure de pointe cambodgienne et le vélo n’est pas le numéro 1 dans l’ordre des priorités routières.

 

Papy prend la pose

 

 

Un petit amok, pour changer dans un resto bio (je le fais pas exprès!), très bon et dessert à tomber par terre avant de nous écrouler à l’hotel.

 

Dimanche 31 décembre

La ville de Phnom Penh est un point de départ intéressant pour comprendre le passé cambodgien, enfin, je ne sais pas si l’adjectif « intéressant » est approprié, mais elle a une histoire poignante et très difficile. C’est ici que s’est joué l’un des plus grands génocides de notre époque où en deux mots: les khmers rouges appartenant à un mouvement communiste radical mené par Pol Pot (entre 1975 et 1979) ont tué et torturé 2 millions de leurs concitoyens (soit 20% de leur peuple). Habitants des villes, intellectuels et tout homme instruit étaient abattus ou emprisonnés et bien souvent torturés. Enfants et femmes n’y échappaient pas non plus. Je parle de génocide même s’il n’a pas été reconnu internationalement pour des causes politiques que je n’expliquerai pas ici mais qui sont révoltantes.

Nous voulions en savoir plus sur ce pays, sur ce qu’il avait endurer afin de l’appréhender et de le comprendre un peu mieux. Pour ce faire, il y a deux “immanquables” quand on vient à Phnom Penh et s’intéresse à son histoire:

  • Le musée du génocide Tuol Sieng
  • Les Camps d’exécution de Choeung Ek

Nous avons opté pour la deuxième visite et on ne regrette pas notre choix.

Je m’explique, le premier, le musée du génocide, est en fait un lycée qui fut pris d’assaut par les khmers rouges en 1975 et transformé en une prison géante où tortures et autres atrocités ont été perpétrées. Nous avons décidé de zapper cette visite ayant commencé par les camps d’exécution de Choeung Ek, qui nous avaient déjà profondément touchés.

La visite des camps est plus “soft”, dans le sens où on ne voit rien ou presque mais c’est l’audioguide qui l’accompagne et qui retrace l’histoire sanglante des Khmers rouges qui m’a laissée sans voix, la gorge nouée et les yeux plein de larmes.

Ayant mis des mots sur l’histoire terrifiante de ce peuple, nous avons donc trouvé qu’il n’était pas nécessaire d’aller voir des photos d’enfants et d’hommes torturés, ni les traces de sang à jamais imprégnées dans les murs du lycée devenu prison… Ce n’était pas nécessaire pour en apprendre davantage. Mon petit coeur à ses limites puis à quoi bon… mais c’est un avis purement personnel. La visite des camps permettait déjà d’avoir un aperçu nettement suffisant de l’ampleur de la tragédie et de ne jamais l’oublier…

***

Après cette visite bouleversante, c’est vers le temple Vat Phnom qu’on se dirigera, il se trouve sur une petite colline haute de 27m avec une vue imprenable sur la ville, très agréable et apaisant après une matinée comme celle-ci. Il y a même trois têtes de chien en bronze où les fidèles viennent déposer des offrandes (souvent de la nourriture) dans la gueule des bêtes afin que leur voeu soit excausé! Et un gros steak pour Milou, un!

 

 

 

 

J’oubliais de dire que nous avons bougé en scoot cette journée-là et heureusement que Laurent sait manier l’engin parce que Phnom Penh c’est une véritable fourmillère quand même.

***

Ce soir, c’est réveillon, on a reservé un bon petit resto, piña colada, amok et crustacés, c’est la fête des saveurs! On file même jusqu’à un des roof-top du Quai Sisowath afin de siroter un cocktail et attendre les 12 coups de minuit et le feu d’artifice. Un chouette moment où touristes et cambodgiens chantaient presque en coeur! Bonne année les z’amis!

 

 

 

4 Replies to “$alut Phnom Penh!”

  1. J’avais été bouleversé par le film la dechirure. Sur place ce doit etre encore pire. Je comprend ton pt coeur … faut pas tj aller au bout de l’horreur pour comprendre sa folie. J’espère que la suite du Cambodge sera plus seraine. Bonne année

  2. « Phnom Penh no es bonita; no puede ser bonita cuando sus cicatrices todavía no han curado y sus gentes luchan a diario con los demonios del pasado »….acabo de leer esta frase buscando un poco acerca de la historia de este país y los Jémeres Rojos de Camboya…estoy sin palabras…duele saber que ha habido y hay historias increíbles en el mundo a causa de ideologías. Ahora corro detrás del próximo episodio 🙂 Un beso!!

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